Me voilà revenu à Bayonne, je m'acclimate doucement. Peu à peu, mes copains rentrent pour l'été et je me sens moins seul. Je suis de plus motivé par l'attente fébrile du grand événement annuel : les Fêtes de Bayonne. Je compte les jours : 47, 46, 45...

Cependant, j'ai été très surpris d'apprendre dans le magazine de la ville que de nouvelles dispositions pour le moins surprenantes ont été prises par la municipalité. La rumeur montait déjà depuis plusieurs semaines, j'aurai dû être préparé psychologiquement, mais ce ne fut pas le cas. J'ai pris le choc de la nouvelle en pleine figure, à la manière d'une pelote perdue lorsqu'on s'aventure sur un fronton.

Accrochez vous, ça déménage :

  • Fermeture des débits de boisson à 3h en semaine (4h le WE).
  • Fermeture des peñas à 5h.
  • Plus d'alcools dans les peñas lorsque les débits de boissons ferment.
  • Suppression des arrivées de bus, de cars et de trains après 23h.
  • Interdiction du camping sauvage.

Excepté pour le premier point qui ne fait qu'institutionnaliser des horaires de fait, toute personne ayant déjà fait les Fêtes comprend que ces mesures sont totalement irréalistes, car :

  • Les festayres sont habitués à faire la fête jusqu'à 8h. Ils vont donc se trouver "à la rue" de 5 à 8 avec tous les problèmes que cela peut impliquer : squatt, zonage, dégradation des infrastructures...
  • Les peñas, qui font office de deuxième partie de soirée, ne pourront plus servir d'alcool au moment même où elles commenceront à accueillir du public. Ce qui est fâcheux au niveau commercial. Quand on connaît l'importance de ces établissements garants de l'esprit des Fêtes, on reste perplexe.
  • Le réaménagement des horaires des transports en commun pénaliseront ceux qui ont choisit de dormir dans des campings privés (situés dans les communes voisines du littoral) et favorisera, dans un effet pervers, le camping sauvage (Romain me souffle qu'on peut s'attendre aussi à des inconscients décidant de se rendre aux fêtes en voiture).
  • Je ne parviens pas à imaginer comment interdire à des dizaines de milliers de personnes ce même camping sauvage. Les CRS vont-ils charger les tentes ? J'imagine que les festayres vont abandonner les espaces publics (ronds-points, terrains de sports...) pour dormir illégalement dans les jardins des particuliers qui auront abandonné la ville pendant les Fêtes. Il risque d'y avoir de mauvaises surprises au retour.

J'ai en outre l'impression que le service de communication municipal se moque du festayre en annonçant ces mesures comme "une pause dans les fêtes". Ils font mine de ne pas savoir que le public auquel s'adresse les Fêtes la nuit n'est pas le même que celui qui fait les Fêtes le jour : un festayre de nuit dort le jour, un festayre de jour fuit la ville quand la nuit tombe.

Chaque année, notre maire pose en tenue immaculée, tout sourire, dans un peña probablement reconstituée en studio... on aurait pu se laisser prendre au piège. Maintenant, il n'y a plus de doutes.