Lorsque j'étais en Nouvelle-Zélande, Jane m'avait soupçonné de ne pas être parti faire mon tour du monde et d'écrire ces billets depuis le Pays Basque. Elle n'a peut-être pas tout à fait tord...

Quand je découvre une nouvelle ville, j'aime bien me laisser porter par la navigation hypertextuelle (on disait "surfer le Web" avant, non ?) depuis l'article Wikipedia correspondant. Ainsi, après avoir posé mes valises au MNL Boutique Hostel de Manille, je suis tombé sur l'article sur les Philippines qui contient un grand chapitre sur... la pelote basque.

Extrait :

Les matchs de pelote basque sont gratuits et les gradins sont tous les soirs pleins à craquer de supporters bruyants tellement ceux-ci sont passionnés. Les paris, légaux, se déroulent dans une atmosphère de franche surexcitation. Le jai-alai déchaîne les émotions fortes des Philippins, et c'est en criant kill ! kill ! ou encore mata ! mata ! (ce qui signifie tue ! tue !) que les joueurs, dans une course incessante, tentent de tromper l'adversaire par la violence des coups et l'habileté des déplacements.

Sur le mur du terrain figure la sentence : « El fallo del juez es inapelado » (« La décision de l'arbitre est sans appel »), mais ceci n'empêche nullement la foule de siffler, huer, vitupérer, taper du pied et jurer si elle est en désaccord avec une décision importante. Les paris sur les matchs de jai-alai à Manille représentent des enjeux considérables : près de 20 % de la population s'y adonne, soit environ plus d'un demi-million de paris journaliers.

Tant de ferveur pour notre bonne vielle pelote ! Je voulais voir ça de mes yeux. Ma première journée à Manille sera donc : visite du centre historique, puis dérive à la recherche d'un fronton.

Quête

J'avais dans un premier temps envisagé de visiter le célèbre Jai Alai Building, le temple art-déco de la pelote basque aux Philippines, mais il a été détruit. En effet, la passion pour la pelote était telle qu'elle a mené à des débordements, parfois à des meurtres.

Des drames qui ont conduit à l'interdiction temporaire du sport à partir de 1986, ce qui a sûrement marqué le début de la désaffection du public dans la décennie suivante et la destruction du bâtiment en 2000.

Je me suis donc mis à la recherche de frontons plus modestes, dans la bande entre Mabini Street et la Taft Avenue, de l'intramuros à Vito Cruz. J'ai traversé des quartiers très pittoresques et ma quête m'a permis de passer de bons moments avec une population qui n'a pas l'habitude de voir des touristes s'aventurer dans son quartier.

Arrivé à Vito Cruz vers 19:00, je me rend au fronton d'Harrison Plaza : fermé.

Taxi pelotari

Déçu, un peu fatigué, et ne voulant pas m'engager dans une épopée jeepney, je rentre à l'auberge avec un vieux chauffeur de taxi qui s'interrogeait sur ma présence dans ce coin 100% filippino. Il comprend de suite ma quête, car il est lui même non seulement un grand amateur de pelote basque, mais un ancien pelotari. Ces deux joueurs préférés sont Etcheverry et Nazarro. Je ne les connais pas, s'agit il de Michel Etcheverry ?

Il pensait que le Pays Basque était un état indépendant. Quand je lui ai dit que je suis né au Pays Basque et en France, il a donc été surpris. D'autant plus que, s'il savait que le Pays Basque était en Europe, il pensait que la France se situait sur un autre continent.

Basket Ball

De retour à Makati, je vais boire un coup avec des philippins du côté de la brûlante Burgos Street et je leur fait part de mon aventure. Leurs sports préférés sont le basket-ball, de très loin, et, en effet, la pelote basque. Mais ils ne savent pas où on peut y jouer car ils ne s'y adonnent plus depuis des années.

Le jeu est pourtant encore pratiqué aux Philippines, des frontons sont parfois inaugurés. Mais je pense avoir été témoin de son agonie.