Ce verre en terrasse qui vole en éclats
Ces notes de guitares criblées de balles
Ce ballon suspendu où un bruit sourd s'abat
Ces semeurs de terreur produit de la cabale

Frédéric Lefebvre

Elle semble toute frêle et toute fragile avec sa petite taille et son verre de brandy qui tremble et qui ne descend pas. Mais c'est un sacré bout de femme avec une volonté de fer. Elle me raconte ses rêves de voyage, hors du Paraguay, ses rêves d'échappées sauvages, loin du Paraguay. Très loin.

Au cœur de ceux-ci, la France, bien sûr, « comme tout le monde ». « Tu vis dans la meilleure ville du Monde », elle me dit. Ça fait 10 ans que j'entends ça. Je suis flatté, même si je ne devrais pas puisque le prestige de Paris ne me doit rien.

Puis, elle hésite. Elle bredouille. Elle m'avoue qu'elle ne veut plus aller a Paris, finalement. Car elle a peur, en fait. Oui, peur des terroristes.

J'ai du mal à rester attendri. Je m'agace intérieurement. Je ne comprend pas. Elle vit sur la frontière, le long du rio Paraná, à proximité d'une des agglomérations les plus dangereuses qui soit : Ciudad del Este - Foz Iguazu.

Comparons les taux d'homicides volontaires :

  • Paris et sa petite couronne : 1,2 pour 100.000 habitants chaque année, l'un des plus bas du monde. Mais, cette année, les attentats du 13 novembre pourront faire grimper ce taux à 2,9. On verra bien les chiffres...
  • Foz de Iguazu : 75.6 pour 100.000 habitants chaque année, un taux record, 3 fois celui du Brésil.

La chiquita, elle doit se lever tous les jours en remerciant le ciel d'être encore en vie et elle flippe de visiter Paris. Il faudrait qu'un tel drame se reproduise toutes les semaines pour que Paris soit moins sûr que sa rue. Pire que ça, elle vit dans le seul coin d'Amérique du Sud ou il y a du terrorisme islamiste. Alors quoi ?

Mais point de rationalité ici. Le terrorisme, comme son nom l'indique, est une arme psychologique. Son but est d'obscurcir les esprits et les cœurs, de réduire la capacité de jugement des premiers, et de faire glisser les seconds vers la haine. Ôter des vies n'est que le moyen, pas le but. Et, les salauds, ils ont bien réussit leur coup.