Ma progression vers le nord a été bloquée au nord de Medellín quand on m'a confirmé qu'il n'est pas possible de franchir par voie terrestre la frontière entre la Colombie et le Panama.

En effet, le bouchon du Darién, cette zone de 8000 km² (160*50, comme la Corse), à moitié marécageuse, à moitié forestière, est dépourvu d'infrastructures : pas de ville, pas de route, pas de moyens de communication. En 1980, on estimait sa population à seulement 1700 personnes.

Aujourd'hui, c'est une base arrière pour les terroristes d'extrême droite (AUC) ou gauche (FARC) et les narcotrafiquants (qui sont souvent les mêmes), mais aussi un abri exceptionnel pour les populations indiennes, et pour la faune et la flore sauvages. D'ailleurs, sa richesse naturelle et sa position privilégiée entre deux mers me font penser à la DMZ coréenne.

Il y a donc 100 km de "trou" à parcourir entre Chicagora (Colombie) et Yaviza (Panama), dans une jungle inhospitalière. Courageux mais pas téméraire, je n'ai pas continué mon chemin en canoë (ou en 4x4), muni d'une machette et d'un AK-47. Je me suis rendu à Cartagena de India, une destination beaucoup plus accueillante (et où on peut porter des shorts !). Ce week-end, je prendrai l'avion pour Panama City et je ne manquerai pas de contempler par le hublot cette zone mystérieuse. Bien à l'abri, à 10 000 mètres d'atitude.

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