Vendredi matin, nous étions tous les deux en cours de habilités de direction, tentant péniblement de finir notre nuit, lorsque mon ami Pierre eu une grave et soudaine prise de conscience : il quitte Strasbourg dans trois mois et il n'a fait qu'effleurer le potentiel de cette ville.

Sur le moment, encore abruti par la veille, je ne mesurais pas en quoi cette révélation pouvait m'affecter mais 24 heures plus tard je me retrouvais tout de même sous la neige, accompagnant Pierre et accompagné de Kim, parcourant les rues strasbourgeoises à la recherche d'une poignée d'expositions que nous ne trouverons jamais (Impressionisme digital, Danse macabre, Tout l'amour de Meisenthal, Artistes à suivre).

Cette quête nous mena dans des recoins encore inconnus de la ville : rues balayées par des rafales glaciales, immeubles louches, ateliers obscurs, canaux oubliées... Mais, malgré une savante planification, nous n'avons rencontré que des portes fermées, des répondeurs désolés ou des présidents enrhumés.
Il faut croire qu'hors du musée d'art moderne et contemporain et ses expositions de qualité inégale, l'art contemporain strasbourgeois est un plaisir qui se mérite. Malheureusement nous n'avons pas considéré notre promenade comme une quête initiatique et nous avons fini par renoncer.

Comme l'art des autres se refusait à nous, nous décidâmes de nous consoler en nous réfugiant dans les toilettes du Schutzenberger, un lieu féerique où nous avons pu laisser exprimer notre créativité esthétique..

Pas encore satisfaits de notre revanche sur cette après-midi avortée, nous finîmes par nous rendre à la patinoire pour voir l'Étoile Noire de Strasbourg affronter les Lions de Lyon. A chaque mise en échec (technique consistant à plaquer un adversaire contre la paroi de la patinoire), à chaque amorce de bagarre, à chaque charge corporelle, nous oubliâmes un peu plus l'art contemporain, l'abstraction, les installations, les performances.

Allez Strasbourg ! Allez Strasbourg !