Une grève a immobilisé, entre autres, les transports publics strasbourgeois.

Peu de passage du tramway le matin, aucun l'après-midi : je m'attendais à souffrir de devoir me déplacer à pied mais ce ne fus pas le cas. En effet, le pénible spectacle de ma ville chérie envahie par les voitures l'a emporté sur tout autre sentiment négatif.

Les paisibles quais le long de l'Ill se sont changés pour une journée en un champ de bataille où les créatures motorisées se menaçaient avec leurs klaxons rugissants. Le Boulevard de la Victoire était envahi d'une lourde odeur de gaz carbonique, odeur plaisante dans les périphéries industrielles mais qui est mal venue sur mon itinéraire quotidien. C'était toute la ville qui baignait dans une atmosphère oppressante d'où surgissait un brouhaha d'insultes.

La panique a certes dû amplifier le phénomène mais j'ai voulu voir en ce spectacle la vie de Strasbourg avant le tramway, à l'époque de la voiture reine. Et ce n'est pas la même ville. J'étais à Amsterdam ce week-end et je suis convaincu qu'une grande partie du charme de cette ville provient de son absence de voitures. Et Venise... Et Helsinki, croyez vous que mes rêves d'Helsinki sont peuplés de machines bruyantes et polluantes ?

Alors je râle. Je râle d'autant plus que les élections de 2001 et 2002 ont brisé l'élan favorable aux transports au commun, que ce soit au niveau local que national. Je râle et le carnet antivoitures m'accompagne.

D'un autre côté, je devrai me réjouir de pouvoir traiter ce sujet dans mon carnet, aucun automobiliste n'a réussit à m'écraser, malgré leurs nombreuses tentatives.