Après la chronique de la SybSession II, je vous présente celle de la quatrième, sans pour autant renoncer à chroniquer la première et la troisième.
Autant clarifier tout de suite, la dernière SybSession n'en est pas vraiment une. Avec sa structure en deux parties, elle fait plutôt office d'une mise au point.

La première partie est précédée d'une introduction toute légère au piano, une petite délicatesse qui nous plonge de suite dans le bain. En effet, ce disque sera l'occasion de vérifier deux choses : tout d'abord, la technique de Syb continue de s'affiner et la qualité de ses productions suivent leur courbe ascendante. Ensuite, ses instrumentales sont bel et biens des beats de rap, et gagnent beaucoup à être accompagnées, comme le prouve Syb qui a choisi des accapelle du rappeur américain Jay-Z pour mettre en situation ses créations.

Cette partie est donc une sorte de remix du Black Album composé de reprises de morceaux de la SybSession II (pistes 2, 3 et 8) et de beats inédits (pistes 4, 5, 6 et 7). Avoir choisit de dépoussiérer la SybSession II plutôt que la III peut sembler étonnant, mais j'ai cru comprendre que l'artiste n'était pas totalement satisfait des enregistrements de Noël dernier.
Excepté pour l'épuisante troisième piste, le choix des reprises est judicieux et c'est avec plaisir qu'on retrouve de grandes instrumentales mises en valeur par le flot de Shawn Carter. Avec December 4th, on a la confirmation que la dix-huitième piste de la SybSession II constitue l'une de ses plus grandes réussites.

Quant aux compositions inédites, la sixième piste est superbe, un peu dans les mêmes tons que December 4th. J'ai aussi beaucoup apprécié le remix de Threat, étrange et hypnotique. Que ses créations soient des succès ou non, on ne peut nier à Syb le talent de savoir créer des ambiances particulières à partir de ses boucles.
Il s'est évidemment attaqué au remix de la meilleure chanson de l'album original de Jay-Z (99 problems). On pouvait s'en douter, son beat est loin d'être à la hauteur de celui de Rubin. Il se défend bien dans cet exercice difficile, certes, mais il est beaucoup trop brouillon. Et en écoutant le beat de Justify My Thug (piste 7), je n'ai pu m'empêcher de penser à celui de Witness the Fitness de Roots Manuva. Mais qu'importe ! Le beat colle idéalement au flow de Carter et la variation du refrain est idéale.

Après une petite interlude (dont les premières notes rappellent Guns are Drawn des Roots), nous découvrons la deuxième partie de l'enregistrement et ça commence très très fort puisque la piste 10 est une merveille : des violons, des "Ouuuuh", des "Oh oh" et des petites notes de clavier parsemées. je suis sous le charme. La piste suivante aurait pu aussi être une très bonne instru. On devine un bon beat mais on se refuse à l'écouter. Je pourrai être triste pour Syb qui a eu à échantilloner un vinyl si usé mais je connais son goût pour les craquements et le soupçonne même d'en avoir rajouter (oui, il a déjà fait une chose pareille).

Le beat de la sixième piste était si bon qu'il aurait été dommage de ne pas proposer l'écoute de sa version instrumentale. C'est fait avec la piste 12. Merci Syb. De plus, l'instrumentale de Justify My Thug le suit de près. Mais le plus intéressant de la SybSession IV n'est pas encore passé. Avant d'entendre la conclusion, nous avons droit à deux instrus incroyables, toutes deux se ressemblant et utilisant des échantillons de voix soul (échantillon accéléré pour la seconde) mais chacune étant une preuve de la maîtrise qu'a Syb de son instrument. On sent que le temps des beats approximatifs de la première SybSession est révolu.

Pour conclure, les nouveaux sons que l'on découvre promettent une future SybSession extraordinaire et on a plaisir à redécouvrir d'anciens morceaux ainsi revisités. Juste deux bémols : l'interlude et la conclusion ne servent pas à grand chose et je n'aime vraiment pas le beat de What more Can I Say, mais ça je l'avais déjà dit.