Je l'ai encore observé la semaine dernière avec Ramona, les touristes préfèrent Biarritz à Bayonne. Biarritz la bourgeoise, Biarritz l'impériale, Biarritz la russe. Face à sa voisine océanique ornée de palmiers et de palais, Bayonne et ses deux dualités (trop basque et trop gasconne, trop rurale et trop industrielle) ne semblent pas au premier abord faire le poids.

Cependant nous les bayonnais avons tous une raison d'aimer Bayonne passionnément. Moi, j'aime cette ville car elle est sale et fragile, j'aime son port qui a le malheur d'être le huitième de France (trop petit pour avoir une réelle activité/utilité mais trop important pour être oublié), j'aime ses kilomètres de rails abandonnés qui se perdent jusque dans mon jardin, j'aime ses trains gorgés de souffre si lents que l’œil humain ne perçoit pas leurs mouvements et j'aime son pont.

Non, je ne veux pas parler du pont rouge au nom sinistre, pas du classique pont Saint-Esprit non plus, mais du joyau, du pont Eiffel. Ce "pont de fer" (je préfère l'appeler affectueusement ainsi) serait inutile s'il ne transportait pas aussi les trains qui ont l'audace de s'enfoncer dans les terres basques. En effet, sa partie "voiture" ne comprend qu'une seule voie qui relie deux des points les moins glamours des rives de l'Adour : on part d'un obscur recoin de Mousserolles au Sud pour parvenir à la maison d'arrêt au Nord. Je suis prêt à parier que la grande majorité des bayonnais n'ont jamais emprunté ce pont, ni ne savent comment y accéder. Personnellement, je n'ai qu'un seul souvenir de l'avoir parcouru, mais un beau. Celui de la seule dérive motorisée que j'ai eu l'occasion de faire, un soir étouffant d'un lointain été.

Mais ce n'est pas de ce pont dont je veux vous parler aujourd'hui.

Bayonne a une petite sœur de l'autre côté de l'océan. Dans le New Jersey exactement (oui, comme Toxie et Dante, la classe !), sur les bords de l'Hudson, face à New York, il existe aussi une commune nommée Bayonne. Et pour atteindre cette commune depuis New York (depuis Staten Island plus exactement), il faut emprunter le Bayonne bridge.

Je dois l'avouer, après avoir découvert le Bayonne bridge, mon petit pont de fer basque ne trouve plus autant de grâce à mes yeux. Il est dépourvu de la majestueuse arche dont l'américain est doté, il est de trop petite taille et jamais aucun bateau ne vient enfumer sa délicate structure métallique. De plus, d'un point de vue purement esthétique, il n'y pas photo. Je rêve de courir sur son tablier, de grimper le long des ces poutres entremêlées, de sauter du haut de ses travées.. bref de m'approprier ces tonnes de féerie.

J'ai trouvé sur internet un témoignage d"une personne ayant traversé le Bayonne bridge et ça fait rêver :

The Jersey side of the Bayonne Bridge crossing is the most dangerous thing that I have ever seen. Cannot believe that there is no physical barrier between the path and the long, deadly stairs. Rumble strips or speed bumps would be better than nothing. Because people do, and should, bike this path (despite the PA policy )... one miscalculation, and serious injury/death awaits on those stairs.

New-York, un voyage que je m'étais déjà promis de faire. J'ai une raison supplémentaire de le faire maintenant.