Je me souviens d'une discussion passionnante entre Lutos, durant nos années de classe préparatoire.

Elle opposait Paul C. et Vincent V. et je me rappelle avoir défendu timidement la position de Vincent. Il soutenait alors qu'on peut développer un sentiment identitaire sans avoir une langue commune comme ciment de cette identité.
Aujourd'hui, je reformulerai la question de cette manière : "le sentiment identitaire peut-il être supranational ?", ou bien : "peut-on se sentir citoyen de l'Union Européenne autrement que par simple adhésion de la raison ?".

Mes cinq premiers jours à Helsinki m'ont convaincu que Vincent avait raison.

Les finlandais... Oui, ils parlent finnois et suédois, deux langues qui sont très exotiques à mes oreilles (surtout le finnois). Oui, ils agissent parfois de manière qui me semble étrange, appartenant à un autre monde que le mien ("étranger", "alius,alium", "autre", c'est bien ça G.E.D. ?). Oui, la seule solution que j'ai trouvée pour réussir à comprendre leur goûts culinaires est de conclure tout simplement à une absence de goût...
Mais, cela n'empêche pas que payer avec des Euros, grappiller des points ECTS dans un programme Erasmus, voir des drapeaux bleus "Reflex Blue" à douze étoiles sur les bâtiments... tout ceci va bien au-delà que de simples déploiements administratifs ou technocratiques !

Comme Vincent l'avait prévu (il avait cité des exemples proches de ce que je suis en train de vivre), tout ceci me donne des frissons et provoque en moi un sentiment cocasse : je me sens un peu chez moi à Helsinki. Tout ce qui devait séparer (la langue, les coutumes, la culture...) se mue en richesses à découvrir.

Je voudrais donc féliciter dans ce carnet le génie des pères fondateurs de l'Europe et de leur politique des "petits pas" :
Merci les gars, ce fut du bon boulot.