Aujourd'hui, comme tous les jeudis, cours sur les ERP avec un intervenant extérieur. Le cours commence et, comme tous les jeudis, l'intervenant est un cadre de SAP. C'est le quatrième cours de cette matière et la quatrième fois que SAP nous envoie quelqu'un.

J'ai encore vécu deux heures cauchemardesques qui illustrent bien la perversité des relations entre universités et entreprises. Je n'ai pas eu la naïveté d'espérer apprendre quelque chose dans ce cours et j'ai eu raison : la première heure était comme d'habitude consacrée à l'opération séduction, la deuxième à la classique étude détaillée des captures d'écran.

Je n'ai rien contre SAP, il se pourrait même que ça soit un bon ERP. Mais quand on m'assène une heure de FUD, de grossiers mensonges et de chiffres interprétés avec malhonnêteté, je finis par m'agacer.
Que de grandes entreprises prennent le public pour des imbéciles, ça c'est déjà vu, surtout dans cette grande blague qu'est l'industrie informatique. Mais venir nous cracher le poison marquetique dans notre amphithéâtre, je trouve ça un peu fort.

La deuxième heure n'est pas plus pédagogique : "pour envoyer un message, cliquez ici", "pour lire les statistiques des ventes, cliquez là", etc. Je défis n'importe quel étudiant sortant de ce cours de m'expliquer ce qu'est un ERP, en quoi ça peut être utile d'en déployer dans son entreprise, quels sont les risques... il n'en saura rien.

C'est sûr que l'université a offert un cadeau que SAP ne pouvait pas refuser : avoir chaque semaine plus de cent étudiants qui, croyant être en cours, écoutent religieusement, quelle chance ! Faire passer une grossière opération publicitaire pour de l'enseignement, voici le scandaleux coup de force.

Ceci m'amène a me poser une question : pourquoi a-t-on donner la clef du temple aux marchands ?

Je veux bien que nous soyons des étudiants en commerce et en gestion, mais ne devrait-on pas nous apprendre à faire les meilleurs choix pour nos futures structures, plutôt que nous jeter en pâture à une entreprise sous prétexte qu'elle est la seule à pouvoir se payer le luxe d'envoyer chaque semaine un émissaire dans notre hémicycle ?

J'irai plus loin : la nature même de nos études devrait être une raison supplémentaire pour maintenir les entreprises hors de portée de nos esprits corruptibles.