Le Dimanche 13 mars 2011 à Paris
CC-BY-SA

Il y a deux mois demain, le 14 janvier 2011, la Révolution de Jasmin s'accomplissait en faisant fuir Ben Ali. Depuis, l'Égypte s'est révoltée, la situation a dégénéré en Libye et à Bahreïn, et de vagues promesses ont été faites aux marocains.

Le cas tunisien me touche particulièrement. J'ai voyagé 10 jours en Tunisie avec mon père et ma sœur en 1998 et ce fut ma première immersion dans une société dictatoriale. Cette semaine a grandement participé au façonnement de mes opinions politiques. Quelques jours après mon retour, à la suite de la lecture de Notre ami Ben Ali de Nicolas Beau et Jean-Pierre Tuquoi, j'avais même créé un site Web reprenant les passages forts du livre avec mes photos de vacances comme illustration.

La démocratie comme horizon

Le Monde n'a jamais été aussi démocratique qu'aujourd'hui et "seulement" le tiers de la population vit actuellement sous un régime autoritaire, comme le montre l'indice de démocratie établi par le magazine The Economist.

Cet indice est très intéressant car il montre que la démocratie n'est pas un état mais l'une des limites d'un curseur flottant. Aucun régime n'est purement démocratique ni purement dictatorial ou tyrannique, et la séparation entre ces différents types de régimes n'est pas nette. Ce curseur glisse sans cesse, dans un sens comme dans l'autre, même en période de stabilité. Mais il peut aussi faire des sauts, lors de révolutions ou de coups d'état.

La démocratie en France

L'exemple de la France est d'ailleurs frappant. Si ce pays est aujourd'hui incontestablement démocratique, il l'est de moins en moins depuis la sinistre année 2007. Et l'absence de point de rupture dans le parcours du curseur fait que nous pouvons passer à un régime hybride voire autoritaire petit à petit, sans même nous en rendre compte.

Ainsi, chaque fois que nous renonçons à une liberté, aussi anecdotique soit-elle, même pour une raison a priori légitime, nous ne devons pas nous réfugier derrière l'excuse classique proclamant que de toute façon, nous sommes en démocratie. Car c'est peut-être ce renoncement précis qui fera que, d'un coup, nous n'y sommes plus.

Commentaires

Voilà qui fait plaisir!! J'ai

syb

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Mercredi 23 mars 2011 - 16:13

Voilà qui fait plaisir!! J'ai l'impression de rajeunir. De revivre l'époque où le blog de Pierre était un espace hétérogéne quant aux sujets abordés. Car depuis il a peu à peu sombré dans un radicalisme informatique, qui je n'en doute pas doit ravir les initiés, mais qui est plus que rébarbatif pour les béotiens tels que moi.

Ceci étant dit, revenons à nos moutons. La démocratie c'est compliqué et délicat. De sa définition à son application. Mais elle nous est chère, à nous autres "occidentaux". Fondamentale dans notre construction citoyenne. Si fondamentale et en même temps si acquise qu'on ne la questionne plus. On ne se questionne pas assez, nous francais, sur ce concept et cette pratique qu'est la démocratie. Nous devrions, comme tu le dis Pierre, nous imposer la plus grande vigilance à son égard. Car cette espace de liberté, d'une certaine égalité et de justice, est extrêmement vulnérable si il n'est pas surveillé. Or les Français ne le surveillent pas assez.

Je ne sais pas trop quoi penser de l'indice de démocratie de The Economist et du rang de la France. Non pas que je remette en question ce classement. Mais j'ai tendance à penser que les Français ne seront jamais les champions de la démocratie, même si ils estiment le contraire. Les dérives actuelles de notre gouvernement et du "boss", et la poussée incessante du FN l'illustrent bien. Tout comme notre constitution, notre histoire et notre culture. Y' a encore du boulot! Beaucoup de boulot!

PS (post scriptum surtout): 2012 ca fait peur... Et j'arrive pas à aérer ce texte!!!

Merci pour ta contribution,

pierre

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Mercredi 23 mars 2011 - 20:23

Merci pour ta contribution, Syb.

Je n'ai pas mentionné dans mon billet le décrochage de la France dans l'indice de The Economist (qui est passée en deux ans du 24ème au 31ème rang, de démocratie à démocratie imparfaite. Je n'ai pas évoqué non plus la montée de l'extrême-droite.

Ce dernier point est un sujet de préoccupation, certes, mais on a pas besoin de lui pour flipper; le gouvernement actuel, et son grignotage patient et méthodique de nos libertés, étant suffisant.

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