Ces papys du reggae me font halluciner.The French P. Diddy
Good old vibes
Hier, ça groovait à Rosny-sous-bois, où avait lieu le festival Musicoparc qui réunissait trois légendes du reggae, les Congos, Max Romeo et Lee Perry :
- Le quatuor vocal Congos a ouvert la soirée en jouant dans une bonne humeur communicative des titres de leur album culte Heart Of The Congos (1979 - Fisherman, La La Bam Bam, Ark of the Covenant...) pour la plus grande joie des festivaliers.
- Max Romeo, visiblement fatigué, a quand même réussit à maintenir l'enthousiasme du public grâce ses tubes intemporels issus des enregistrements de Revelation Time (1975 - Melt Away...) ou de War Ina Babylon (1976 - One Step Forward, It Sipple Out Deh, Chase The Devil, Stealing Stealing...).
- Enfin, Lee Perry, le plus grand artiste de tous les temps, a conclu la soirée en interprétant des titres de Roast Fish Collie Weed & Corn Bread (1978 - Curly Locks...) et de divers autres albums.
Ah, que c'était bon du son ! Du roots ? Assurément. Même peut-être un peu trop : 1975, 1976, 1977, 1978, 1979, tous les titres joués ce soir datent de ces 5 années. Que s'est-il donc passé les 30 ans dernières années ?
Old old vibes
Depuis 30 ans ? Pas grand chose malheureusement ! Comme la plupart des artistes de reggae, nos compères ont quitté les studios depuis le début des années 1980, sauf pour enregistrer de rares albums plus ou moins ratés ou pour donner leur accord à la publication d’innombrables compilations à petit budget. Après une décennie difficile (Bob Marley est mort, Gregory Isaacs a eu des problèmes de drogue dure, Max Roméo est devenu vendeur à New York, Lee Perry a traîné son mal-être en Europe, Desmond Dekker a été à la rue...), il sont devenus depuis les années 90 des habitués des festivals, tournant quasi-exclusivement en Europe et chantant inlassablement les mêmes titres roots à leurs fidèles fans, qui ne demandent que ça.
Et les jeunes musiciens ? Il y en a peu et ne sont pas marquants. Quand un classement (Amazon, DigitalDreamDoor, RateYourMusic...) mentionne un album post-1985, c'est soit du ragga dancehall, soit une compilation. Aucun album ne semble avoir eu d'impact sur le genre depuis Night Nurse de Gregory Isaacs en 1982.
L'auditoire a lui aussi vieilli. On ne voit presque plus d'adolescents dans les concerts, dont le public est principalement composé de jeunes adultes encore imprégnés du court revival reggae de la fin des années 1990.
Alors, le reggae, une musique morte ? Non, pas encore. Mais une musique vivant de son passé, sous perfusion, s'éteignant petit à petit.