On ne résout pas un problème avec les modes de pensées qui l'ont engendré.

Albert Einstein (probablement apocryphe)

Je suis peiné par des sondages qui disent que les français sont à 89 % pour des lois d'exception face au terrorisme.

Pour rappel, une loi d'exception est une loi établie en dérogation du droit commun. Nous avons peur des terroristes et nous comptons sur la puissance publique pour nous protéger. Ça tombe bien, elle est là pour ça. Mais si cette puissance s’exerce avec moins de contrôle, moins de limitations, nous finirons par être aussi menacé par elle. Et nous compterons alors sur qui pour nos protéger ? Sur des milices d'auto-défense ? Ah ah. C'est pas drôle.

Il y a un aspect que je ne vois jamais discuté à propos du fondamentalisme islamiste : son positionnement politique. Réaction contre l'époque moderne, traditionalisme religieux, contestation du libéralisme, vision pessimiste des institutions démocratiques, croyance en des lois intangibles, critique des droits de l'homme... et oui, c'est l'extrême-droite !

Tout ça, c'est politique. Les attentats, c'est politique. Le but est comme toujours d'attirer l'autre vers ses idées. Comme les djihadistes ne peuvent pas rendre leurs idées plus séduisantes (sauf pour quelques esprits malades) que celles soutenant notre modèle démocratique, laïque et libéral, ils veulent nous inciter à y renoncer, où du moins à le dégrader suffisamment pour réduire l'écart. Malin.

L'ennemi des terroristes, ce n'est pas la France en tant que Nation, oh non. C'est la France en tant que République. C'est aussi l'ennemi de notre extrême-droite nationale, et plus généralement celui de toutes nos tentations sécuritaires.

Mise à jour du 18 janvier

Et lorsque je vois que 49% des personnes interrogées par Le Figaro sont "favorables une limitation de la liberté d'expression" suite aux attentats, se rapprochant ainsi de la pensée des terroristes qui ont commis ces attentats, je me réjouis d'être parti à l'autre bout de la planète. C'est complètement idiot.