Après 2 mois de "vacances" en France, je suis reparti sur la route et je commence par l'Argentine et l'Uruguay.

Ayant atterri l'aéroport Jorge Newberry, je souhaite changer de l'argent. L'entrée de la banque est obstruée par un chauffeur de bus massif, apparemment super content de me voir et qui me hurle Cambio dollares ? 12 pesos (soit 13 ARS/EUR). Il me fait un peu peur, je vais donc retirer à l'automate pour 9.65 ARS/EUR, le taux officiel, payant amèrement les 4€ de frais de retrait par carte.

Je me rend ensuite à l'accueil voyageurs pour savoir quel bus prendre et on me prévient : Les bus ne prennent que les pièces, pas les billets. Cependant, aucun des commerçants de l’aéroport n'a de pièces à échanger. Heureusement, un passant me propose de partager sa carte d'abonnement.

Me voila désormais en ville, toujours à la recherche d'une banque pour obtenir des pesos mais aucune ne veut faire le change car je ne suis pas client. Ah tiens, c'est comme en Australie, ça. Sauf que là-bas, on me tendait de suite un formulaire d'ouverture de compte, alors qu'ici on m'envoie juste balader.

Durant mon parcours, j'ai remarqué qu'il y a un nombre considérable d'agences bancaires au centre-ville, mais que beaucoup sont à l'abandon, et que celles en bon état n'ouvrent pas au public, ou alors seulement 3-4 heures par jour. Il est 15 heures, d'ailleurs, c'est fini, toutes les banques sont fermées. Pajeros !

J'ai aussi croisé beaucoup (tous les 50 mètres, tous les 5 mètres dans les rues piétonnes) de personnes apostrophant les passants : Cambio, cambio, dollares, euros. La même diction que le Malboro, malboro de Barbes, pour les connaisseurs. 200 arbolitos au moins lors de cette courte ballade. Une petite foret.

Rue Lavalle, il y en avait même un avec une gueule de basque, je m'arrête donc, curieux. 15 ARS/EUR il me dit. Pas mal ! Mais il n'est pas basque. Comment il s'appelle ? Pedro Goyenetche. Hombre, il est temps qu'on parle de qui sont tes vrais parents.

Je cherche donc un bureau de change et je n'en trouve qu'un seul. L'agent est apparemment ravi d'avoir enfin un client. Le change, au taux officiel, une belle arnaque, est compliqué : contrôle du passeport (grrrrh), saisie interminable sur le terminal, deux formulaires à remplir, dont un certifiant que je ne fais pas de politique en France ! Mais le résultat est là ! J'ai l’argent ! A moi la teuf et les asados  !

Le soir venu, donc, je sirote des fernet-colas (le kalimutxo local, à ne pas essayer chez vous, non) avec Ariel, un argentin. Je me plains : la vie semble si chère a Buenos Aires, les prix sont le double de ceux d'en France (5€ le café, 10€ la bière, 20€ la pizza…), alors qu'ils seraient équivalents avec un taux de change libre.

Il sourit, me rappelle à juste titre qu'avec une telle inflation ceux qui souffrent le plus sont ceux qui touchent leurs revenus, ou qui ont épargnés, en pesos, et m'explique pourquoi la compagnie de bus ne veut que des pièces : les pesos argentins sont tellement dévalués que leur valeur serait passée sous celle du métal composant la monnaie !

On rigole, on rigole, un peu. Un autre fernet-cola, puis deux. Et puis il me dit : Il te reste des euros ? 17 EUR/ARS, ça te va ?.