Depuis mon arrivée au Pérou, je les appellent les « mamitas », mais le terme exact serait « cholitas ». Il s'agit des femmes traditionnelles du Pérou et de la Bolivie, âgées ou entre deux âges, quechuas ou mestizas, très fortes, de petite taille, en robes bariolées, portant fièrement des méga-tresses souvent attachées entre elles et dotées d'un solide caractère de brune. Celles de Bolivie sont plus stylées car elles portent aussi un petit borsalino « bombín » sur la tète.

Impossible de croiser leur regards sans se faire fusiller des yeux. Impossible de leur parler sans se faire snober. Ou de s'approcher sans se faire tourner le dos en un grognement. En plus, elles font du catch. Pas commodes, je vous dit.

Les seules qui sont sympas sont celles qui veulent vendre une photo avec elles et un bébé alpaga dans les rues de Cusco. Et encore

Cependant, dans le taxi de La Paz à Copacabana (non, pas la plage de Rio, mais la petite ville sur le bord du lac Ttiticaca), je me retrouve seul avec une, deux, trois…  huit cholitas. Dois-je me réjouir ? Dois-je m'inquiéter ?

Ma voisine se tourne vers moi, me sourit avec sa grade bouche édentée. Ma réponse : un sourire,  timide. Elle me demande alors d'ou je viens et ce que je fais en Bolivie. Enfin ! Le contact a été noué. Je vais pouvoir discuter avec une cholita.

J'ai tant de questions à lui poser. Qui est-elle ? Comment vit-elle ? Quels sont ses rêves ? Sa vision du Monde ? Quelle est son opinion sur moi, touriste gringo ? Peut-on mélanger la coca et le coca-cola ? Je me concentre, je me tourne et je…. Elle dort. Elles dorment toutes ! Comme ça, 30 secondes après le démarrage.

Elles dormiront jusqu'à l'arrivée 3 heures plus tard et je n'obtiendrai de ma petite voisine qu'un peu de bave gouttant de sa dent en or vers ma cuisse.