Détroit, comme Chicago, faisait partie du Québec jusqu’en 1791, et ça se voit. Le nom de la ville, déjà, qui témoigne de sa situation entre les lacs Érié et Saint-Clair. Mais aussi Belle-Isle, le parc insulaire où à lieu le Grand-Prix, et les 5 communes qui forment Grosse-Pointe.
Rupture
Grosse-Pointe est séparée de Détroit par Alter Road. L'estomac creusé par une ballade à Belle-Isle, nous eûmes l’idée folle de traverser la limite communale pour acheter des brownies au Trader's Joe de Notre-Dame Street.
Nous arrivons donc du côté de Ford Park et j’entends soudain Norman jurer : une barricade ! La route est bloquée par une barricade !
Très agacé, il m’explique : la population de Grosse-Pointe obstrue les routes pour gêner la circulation entre leurs communes et celle de Détroit. Palissades de fortune, troncs, gravats... beaucoup d'efforts pour diminuer le nombre de points de passages entre la ville ruinée et sa banlieue riche.
Mais que font les autorités ? Qu'attendent-elle pour dégager la route ? Et bien, elles font pareil ! Ici, des pots de fleurs géants ont été placés sur la route. Là, un mur en brique a été dressé d'un trottoir à l'autre. Dans certaines rues, c'est des barrières de chantier du Department of Public Works qui ont été placées sans justification apparente.
Écho
C'est la différence sociale entre les deux territoires qui motive ces obstructions à la circulation, avec notamment l'idée de décourager les parents de Détroit de scolariser leurs enfants à Grosse-Pointe si la carte scolaire est un jour abandonnée (comme le Michigan le préconise).
Cependant, ce n'est peut-être pas la première fois qu'un tel "mur" a été érigé sur ce même segment. De telles tentatives auraient déjà été menées pour prolonger la ségrégation raciale après les années 1960.
Il y a cependant un hic. Pourquoi la population de Grosse-Pointe se donne tant de mal alors qu'elle pourrait forcer celle de Détroit à construire ce mur à leur place ? Impossible ? Il suffit de demander au spécialiste.