Jour après jour, je m'enfonce dans un pays qui n'existe peut-être plus.

J’étais en route vers Dessie quand le gouvernement a coupé les connections Internet et bloqué la plupart des routes autour du lac Tana. J’étais a Weldiya mercredi quand les nations Amhara et Omoro (40% du territoire et 50% de la population de l’Éthiopie) auraient déclaré leur indépendance, ce qui est autorisé par la constitution de 1995 (article 39.1).

Ce ne sont que des rumeurs, certes persistantes et agitées. Ici, sans internet, sans presse libre anglophone, il ne m'est pas possible de vérifier. Mais, si tout ceci est vrai et que le gouvernement fédéral laisse faire, je suis l'un des premiers étrangers a explorer ce nouveau pays.

A Abune Yosef, sur les hauts-plateaux de Lalibela (4000 m), la ville sacrée d'Ethiopie, il n'y a ni réseau mobile, ni route, ni électricité. Tout y est paisible et semble hors du temps. Mais nous sommes a seulement 150 km des conflits et la population chuchote : "Les choses vont mal a Gondar, la révolution a commencé".

Des miliciens débraillés parcourent les routes avec leur AK-47. Je demande s'ils font partie de l’armée fédérale ou des sécessionnistes. On n'a pas su me répondre. Ou pas voulu.