Ext - nuit

En revenant du marché de Single Quarters (hmmm, délicieux kapanas !), Tulela me parle de sa tribu, ou de ses tribus. Un mélange complexe d’identités que j’ai du mal à démêler. Me voyant perplexe, elle m'explique : "En gros, c’est comme les himbas". Ça ne m’aide pas. "Nous vivions comme ça avant..."

Int - nuit

A l’hôtel, Simba, un zimbabwéen vivant à Gaborone, me questionne sur ma vie en Finlande, où il doit faire si froid ! J’évoque les saunas, où les garçons sont toujours nus. Et les filles ? "De temps en temps". Il est choqué.

"A cause de la tension sexuelle provoquée par tous ces corps nus", prétend-t-il dans un premier temps. Il finira par admettre que c’est surtout sa propre nudité qui le dérange. Simba est beau et athlétique, mais est pudique.

Ext - Jour

Je retrouve Tulela et je lui annonce fièrement que j’ai vu des himbas du côté du marché Soweto. Elle s’inquiète. Leurs seins nus m’ont-ils gênés ? Pas le moins du monde. Elle s’étonne. Les blancs n’ont-ils pas un problème avec les roploplos ("issues with boobies") ?

Il y a 100 ans, colonisateurs et missionnaires ont exigés des peuples namibiens qu’ils couvrent leurs corps indécents. D’abord en leur apprenant à coudre, ensuite en massacrant les récalcitrants.

Int - Jour

C’est la super lune. Simba souhaite en savoir plus sur le nudisme en Europe, puisque je l’avais quitté en évoquant ce sujet. Je lui parle des plages et campings nudistes, des discussions en cours a Paris. Je lui explique le mouvement naturiste, cette idée de "retour à l'état nature". Il reste bouche bée.

Pendant un siècle, la frileuse Europe a accompli sa mission civilisatrice en couvrant les poitrines des africains, en leur inculquant la honte du corps et de la nudité, et en leur expliquant que le progrès ne pouvait s'obtenir qu'en renonçant à la nature. Et aujourd'hui, ce sont les européens qui courent nus dans la forêt !

Simba souffle : "Quelle ironie !". Oui, quelle ironie...

Dirndl !

En Namibie, ce sont les allemands qui ont habillés (et massacrés) les locaux. Un mal pour un bien : certaines filles locales ont adopté le drindl. La vision de belles namibiennes en robes bavaroises illumine mes derniers jours à Windhoek.