Pula

Il pleut et je suis en tong. Je viens de marcher 3 kilomètres dans 20 centimètres de boue épaisse. J'arrive enfin au bar du camp Itumela et je ne suis pas content. Ratie m’accueille avec un immense sourire et me propose une bière namibienne.

C'est 15 pulas, BWP, la monnaie nationale. Je paye et elle me dit "Pula !" sans quitter son sourire. "Oui, pula, j'ai déjà payé". Je répond sèchement car je suis un peu grognon, et j'oublie un instant que ce n'est pas la première fois qu'on me dit "pula" cette semaine.

"Pula" comme un grand "merci", ou un grand "salut". Un mot qui n'a été prononcé qu'aux moments les plus sympathiques.

Puuuuuula

Les autres clients brandissent leurs bières et chantent en chœur : "Puuuuuuuuula! A ene!". Ce qui me redonne le sourire.

"Dis-moi, Ratie, Pula, c'est la monnaie, mais c'est aussi une forme de salutations ?" Elle répond : "Pula, c'est tout ce qui est bon. Pula, c'est la pluie. C'est pour ça que tout le monde est content aujourd'hui".

Pula signifie "pluie" en Setswana. Le mot est sur les armoiries du pays. Il parait même que à Rra-Pula (père de la pluie) et Mma-Pula (mère de la pluie) sont des prénoms courants, mais je n'en ai rencontré aucun pour l'instant.

Puuuuuuuuuuula

Il n'avait pas plu depuis plusieurs semaines au Botswana, et le pays a connu sa pire sécheresse en 34 ans en 2015/2016, donc oui c'est la fête.

Elle me demande si les gens sont contents quand il pleut en France et est étonnée par ma réponse. La différence ? 400 mm de pluie par an au Botswana, 1500 à Biarritz.

Puuuuuuuuuuuuuuuuuuula

Le lendemain, c'est dimanche. Je m’arrête un moment devant la Shalom Church pour écouter les gospels. Le pasteur commence sa prêche ainsi : "Remercions Dieu de nous avoir béni avec de la pluie cette semaine, l'herbe jaune deviendra verte, prions pour beaucoup de pluie pendant très longtemps".