Juste un petit billet pour vous indiquer qu'une sympathique critique de l'album Courants Contraires a été publiée sur le carnet de Julie il y a de ça presque un mois.
Je sais, ma réactivité est très faible mais tant de choses se sont passées ce dernier mois. C'est tout de même cruel d'avoir tant vécu sans avoir de connexion internet domestique pour pouvoir tout relater.

Justement, je ne vais finalement pas me contenter de clore ce billet si vite. Chers lecteurs, je veux vous faire part de ce que je ressens aujourd'hui car cette sensation détonne parmi la félicité dans laquelle je baigne depuis quelques semaines.

Je suis triste.

Savez-vous que les Villes Liquides n'ont pas le monopole des dérives magiques ? Que l'univers ne s'arrête pas à Seegmuller ? Que Bayonne elle-même possède sa part de féerie ? Et surtout que l'un des endroits les plus merveilleux de mon monde se situe dans une petite ville du Lot et Garonne ?

Enfin, je devrai dire "se situait" car ma tristesse provient précisément de la constatation qui s'imposa à moi tout à l'heure : ce lieu, qui n'était rien d'autre qu'un cimetière de grues sur camion, n'existe plus.

Alors que je courais dans les herbes folles et asséchées par l'été, rêvant de retrouver les flèches rouillées, les collines de pneus fondus, enivré à l'idée de me perdre dans les structures métalliques brisées abritant un bestiaire composé de moutons, de poules, de serpents et d'autres animaux si mystérieux pour un citadin comme moi, je fus surpris de ne rencontrer qu'une prairie vide, une prairie dont la sinistre photographie illustre ce billet.

Le dépit m'envahit alors. Où était passé le labyrinthe de châssis et de tôles de mon enfance ? N'ayant même pas une cabine de 60 tonnes pour m'asseoir, je m'agenouillais dans l'herbe jaune pour maudire les dieux qui m'ont imposé un tel supplice esthétique.
Un pré, rendez-vous compte ! Quelle décadence... Avec un potager en plus ! Quelle horreur !

Aujourd'hui, j'ai fait la grave découverte que la poésie post-industrielle n'est pas une évidence romantique pour tout le monde, puisque certains n'hésitent pas à détruire nos Lorelei.