J'aime les cascades. Je suis fasciné par leur puissance et charmé par les paysages qu'elles ont sculptées depuis des âges immémoriaux.

Les chutes d'Iguazú, découvertes il y a un an exactement, sont le plus beau paysage que j'ai vu de ma vie. La visite de Goðafoss et Dettifoss, en Islande, fut le meilleur moment de mon été. Plus c'est haut, large, assourdissant, plus c'est bon.

Excitation

J’étais donc très enthousiaste de me rendre aux chutes Victoria, sur la frontière entre la Zambie et le Zimbabwe. Je jubilais.

Mon excitation était probablement trop voyante car, dés Lusaka, mes rencontres amicales ont tenu à me prévenir : la saison est très sèche, anormalement sèche, et les chutes... sèches. Des chutes d'eau sans eau, quel intérêt ?

C’était adorable d'essayer de me préserver d'une déception annoncée, mais après une semaine passée au lit, rien ne pouvait diminuer mon enthousiasme. Rien. Traversant la Zambie à toute vitesse, le nez collé sur la fenêtre poisseuse des bus, je rêvais d'embruns bouillonnants sans considérer ces avertissements.

Contemplation

Alors, bien sûr, quand j'ai enfin atteint Danger Point, j'ai d'abord été déçu face au spectacle de quelques filets d'eau du côté zimbabwéen, brisants deux kilomètres de pierre nue et... sèche !

Cependant, il y avait quand même quelque chose dans cette endroit. Quelque chose de fascinant. Comme si cette muraille haute de 100 mètres continuait de porter la puissance des 1000 m3/s (powa!) qui y ont été déversées depuis plus de 100 000 ans.

Après une ballade le long du plateau, je suis descendu au Boiling Pot, escorté par une famille de babouins espérant un relâchement de ma vigilance pour m’arracher mon sac à dos. Assis sur les rochers brisés, prenant le temps de m’imprégner du lieu, j'ai compris.

Je n'ai pas besoin de l'eau pour apprécier une cascade. La pierre suffit.